C’est l’ Printemps, le réveil de la nature et de l’enthousiasme du jardinier épris d’innovations….
Rivaliser avec le luxe des jardins de Versailles dessinés par Le Nôtre ? Ambition illusoire !
Tenter une pâle copie des jardins de Babylone édifiés par Nabuchodonosor ? Rêve inaccessible !
S’inspirer du jardin de la Villa d’Este à Tivoli, ce pur chef d’oeuvre ? Idée déraisonnable !
Mais, quelle admiration pour ces véritables tableaux végétaux aux tracés rigoureux, ces joyaux reflets des sommets de l’art, fruits d’une recherche sophistiquée et d’une création raffinée. Quelle frappante disparité avec le « savant désordre » d’un jardin de presbytère plus commun dans nos contrées gasconnes où la verte nature règne en maître absolu exaltant calme et douceur….
Ici, des fleurs éparpillées au gré du souffle d’un léger vent dissipé ou d’un petit passereau fragile volant en sifflant sa gaieté. Inimitable cette palette de couleurs. Pâquerettes et pissenlits émaillent joliment l’herbe, rivalisant avec la frêle mais envahissante cardamine. La jonquille et son cousin germain, moins raffiné, le « coucou », jaillissent en touffes effrontées.
Sous les arbres printaniers déjà ébouriffés par les premiers rayons de soleil, pervenches et primevères posent leurs teints pastels sur les tapis de feuilles roussies par l’hiver.
La timide violette se dissimule sous son opulente couverture verdoyante…Serait-elle vexée de voir le muscari et la lathrée clandestine arborer livrée d’une coloration comparable à celle de ses délicats pétales finement dentelés ? Au pied d’un noyer, se dressent les grappes jaunes ou pourpres des consoudes. L’anémone, plus frileuse, abrite ses premières corolles chiffonnées au creux d’une pierre.
Envoutante la féerie de ce paradis inondé des senteurs subtiles d’un heureux mariage de fleurs indûment baptisées « sauvages »…Sublime univers auréolé d’un seul luxe, sa modestie, où la nature chante sa naïve beauté laissant l’âme vagabonder par monts et par vaux …jusqu’à des lieux ensorceleurs…. CH D
Surnaturelle la beauté de nos coteaux gascons en cette fin d’après-midi du 19 mars.
Des rayons aux couleurs pures et intenses habillent la campagne d’un manteau éblouissant, s’infiltrent dans les branchages encore dénudés déposant à la cime des arbres une étincelante parure dorée.
Soudain, la luminosité change, des lueurs orangées traversent un ciel crépusculaire paré de nuages moutonneux…En un instant, les teintes s’estompent, les couleurs retrouvent leurs nuances …..Et le tableau s’efface. Nul doute, cette féerie aurait inspiré plus d’un peintre…Boudin, peut-être, » le Roi des Ciels. » En admirant ces tableaux, Baudelaire s’exclamait :
« A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques ….ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré….toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse. »
Laissons-nous griser par la beauté de ces clichés…….CH D
AM
Féérique… Quelle chance d’avoir pu capturer cet instant ! Bravo et merci pour ces photos.