En ce matin de février très ensoleillé, la pie Margot, c’est le nom que lui a donné Pergaud, ne trouve plus rien à mettre dans son gosier : les haies sont givrées, la terre gelée, plus une graine à croquer, ni larve, ni limace, aucune bestiole ne se risque à mettre son pied dehors !
Mais la pie a faim ! Peu farouche, Margot saute dans le jardin, fait trois sauts dans la cour et enfin se pose sur le balcon. Son œil aiguisé a repéré le plat que le Maître des lieux a déposé là. En trois coups de bec, le repas est avalé, vorace l’agasse !
Margot rassasiée baisse la queue et puis s’envole sur la branche du chêne où elle se croit chez elle.
La pie bavarde est la mal aimée des passereaux : pie voleuse, pie sauteuse, jacassière, chapardeuse, on l’accuse de tous les maux, elle a bien des défauts, mais on lui pardonne, elle est si belle avec son frac noir bien lustré, son plastron blanc éclatant et sa longue queue aux reflets bleus ; elle vole comme un éclair blanc, marche sur la pointe de ses doigts sans sembler toucher terre, quelle élégance, madame la pie !
Perchée sur son arbre, elle surveille ses voisines, ces vieilles corneilles toujours à se chamailler, la jeune palombe solitaire, toujours à roucouler, et le grand corbeau qui se croit très savant ! croa ! croa ! Margot se bouche les oreilles, le corbeau l’agace avec sa voix « rossignolesque » ! Elle décide de changer de branche et s’installe tout près de la cime, se laisse balancer au rythme du vent.
Le merle n’a pas encore sifflé l’arrivée du printemps, ça lui laisse un peu de temps avant de bâtir son nid : elle n’est pas pressée de préparer sa descendance ! Margot ferme les yeux et se prend à rêver.
Le temps coule, la palombe roucoule, la pie jacasse et le Grand Corbeau quitte sa place.
MN
Lhèva la coeta lhèva la coeta
Quan la piga sauta au prat
Lhèva la coeta baisha lo cap ! »
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