Italie du Nord, « Splendeurs des lacs italiens et Milan »
du 13 au 20 mai 2023
Le samedi 13, à 7 heures du matin, rendez-vous est donné à la gare routière aux 15 voyageurs inscrits au voyage. Le vol Toulouse – Milan après une très courte escale à Roissy, se déroule sans problème, nous bénéficions même d’une 1ère collation : une madeleine, et d’une 2ème collation : un sandwich dans le 2ème vol.
A l’aéroport Malpena de Milan, longue attente dans la salle d’arrivée des bagages, et ce pour rien : les valises sont restées à Paris… (Elles nous seront livrées dans la nuit à l’hôtel, sauf une qui n’arrivera que le lendemain. )
Après un moment d’incertitude, Cathy, notre accompagnatrice (à ne pas confondre avec guide) a fini par nous retrouver à la sortie de l’aéroport, et nous rassurer…
Nous dormons à Bee situé sur la rive occidentale du lac Majeur, près de la ville de Valbania à une heure de l’aéroport. L’hôtel est calme et confortable, nous y resterons 2 nuits, et les repas très bons.
Dimanche 14, il fait beau, nous partons de bonne heure pour la visite sur le lac Majeur, des Iles Borromées, notamment Isola Bella où se trouve le palazzo de la famille princière du XVIIe siècle et ses fameux jardins. Très richement décoré et meublé, le palais renferme des merveilles, tableaux, 135 tapisseries, meubles, service de table en opaline bleue… et même une collection de marionnettes. Six pièces ont été aménagées en grottes pour se prémunir de la chaleur estivale.
Napoléon et Joséphine y dormirent au début du XIXe siècle.
C’est dans le grand salon qu’en 1933 a eu lieu la conférence de Stresa où les Italiens, les Français les Anglais et devaient s’entendre pour faire face au réarmement allemand, ce fut un échec.
Les jardins, sur 8 hectares et les 10 terrasses dominent le lac, les fleurs abondent, des roses surtout, le vert est partout et les statues nombreuses. Nous y rencontrons, quel hasard, le groupe du Crédit Agricole auscitain !
Après cette 1ère visite nous reprenons le bateau pour accoster à l’île des Pécheurs, l’une des 6 îles sur les 9 du lac qui appartient aux Borromées où nous déjeunons.
Après le repas, en bateau puis en bus, nous rejoignons le lac d’Orta, plus petit, 13 km de long contre 65 pour le lac Majeur, mais plus calme, moins fréquenté.
Un bateau nous dépose au bourg d’Orta San Giulio du nom de l’évêque qui chassa au 4e siècle le dragon et les serpents qui infestaient la petite île. Il aurait avec son frère, construit une centaine d’églises, dont la basilique San Giulio où il repose dans la crypte dans un sarcophage de verre. L’église contient aussi une grande chaire en serpentine, de couleur vert sombre, ce qui est unique.
Quelques minutes de traversée en bateau pour découvrir en face la petite l’île de San Giulio
Retour à l’hôtel en traversant de petites villes industrielles, la Lombardie possédant le record italien des PME, avec les firmes connues comme Alesi, Lagostina…
Lundi 15, nous quittons l’hôtel sous le soleil pour nous diriger vers le lac de Côme, moins étendu que le Majeur, 50 km de long, mais plus profond, 400 mètres. Entouré de montagnes, on aperçoit encore de la neige sur les sommets, il se subdivise au sud en 2 branches. Il abrita et abrite toujours des hôtes célèbres, Pline l’Ancien et Pline le Jeune, le poète Shelley, Stendhal… et de nos jours, George Clooney dont nous apercevons la maison.
Les routes qui longent le lac sont étroites et fréquentées, mais Edouardo, notre chauffeur fait merveille, il nous emmène à Tremezzo où se trouve la Villa Carlotta. La grille d’entrée est superbe, le bâtiment construit par un banquier au XVIème siècle, de facture classique est de couleur blanche, il domine le lac et à l’intérieur, on peut admirer de superbes plafonds peints restaurés, quelques pièces meublées plutôt XIXème siècle, des tableaux, des statues en marbre dont une de Canova.
Les jardins en terrasses croulent sous les massifs d’azalées, de rhododendrons, de camélias, mais hélas pour nous, ils sont déjà fanés. En face de la villa, sur l’autre rive, il y a Bellagio « la perle du lac » envahie de monde. Sur la jolie place qui longe le lac, dans les ruelles, de nombreuses boutiques vendent bijoux, sacs, foulards (la soie du lac est renommée).
Le repas a lieu dans un restaurant un peu en retrait, donc plus calme, où l’on nous propose en entrée, avant les pâtes, des spécialités à base de poissons du lac.
Nous reprenons le bateau jusqu’à Varenna où nous attend le bus pour nous conduire, après 2 heures d’autoroute au lac de Garde, plus exactement à Manerba del Garda, sur la rive ouest où nous allons passer 3 nuits dans un très agréable hôtel.
Mardi 16 nous nous dirigeons vers la ville de Vicenza située en Vénétie à une centaine de km. C’est la ville de l’architecte Andrea Palladio, le plus grand de son siècle, le XVI°. Il a édifié de nombreux palais, villas, églises… et il est l’auteur d’un traité « les quatre livres d’architecture » qui aura une grande influence sur l’art de construire européen. 23 sites palladiens sont répertoriés dans sa ville. Sur la place Signori, il édifia la partie extérieure de la Basilica en 1549 qui était le lieu de rassemblement des notables et non une église. Des galeries de colonnes blanches entourent un bâtiment de briques à carène de bateau.
La visite commence sous une petite pluie, avec notre guide. Nous admirons la tour-beffroi qui penche, moins qu’à Pise, le Mont de Piété orné de fresques et la résidence du gouverneur de Venise commencée par Palladio mais inachevée, avec de nombreuses statues qui évoquent la victoire de Lépante. Le corso Palladio est la grande artère de la ville, il abrite de nombreux palais Renaissance et l’église Sainte Epine, bâtie en l’honneur de l’épine de la couronne du Christ donnée par Saint Louis. Elle abrite un tableau de Bellini, le baptême du Christ, et une Adoration des mages de Véronèse. L’église possède aussi un autel tout entier en mosaïque et de belles stalles de bois. Mais le plus beau reste à voir : le Teatro Olimpico, toujours de Palladio, un endroit splendide sur le modèle des théâtres antiques, l’un des premiers théâtres couverts du monde moderne. La scène est une superposition de niches, colonnes, statues en bois, décors, trompe l’œil… Un petit spectacle de son et lumière nous y attend, ce chef d’œuvre, achevé par Scamozzi appartient au patrimoine mondial de l’humanité.
Nous quittons « la ville de l’or », ainsi surnommée à cause de sa spécialité : l’orfèvrerie.
Mercredi 17, nous partons vers une autre ville vénitienne : Vérone, ville de 260 000 habitants, et traversons un paysage de vignobles, le Valtanése, avec des cépages comme le Bardolino, le Claretto. Nous empruntons l’ancienne Via Gallica et passons pas loin de Solférino, la bataille de 1859 qui a vu la création de la Croix Rouge par Henri Dunant. Nous arrivons à Vérone située sur les bords de l’Adige. La ville est ceinte de fortifications de 11 kilomètres, dont le dessin au sommet, témoigne de l’affiliation de la ville au parti des Gibelins, ennemis des Guelfes, partisan s du Pape. La cité est celle des princes de la Scala ou Scaliger qui la dirigent aux XIII° et XIV° siècle, après les Visconti de Milan, elle passe sous la tutelle de Venise jusqu’à Napoléon Bonaparte. Et, bien sûr, c’est la ville de Roméo et Juliette, l’histoire tragique de deux jeunes gens appartenant à des familles rivales, histoire immortalisée par Shakespeare. La cour de la maison Capuleti où se trouve le balcon (en fait un sarcophage placé là plus tardivement) est noire de monde, on a à peine le temps de faire une photo. Des carrières de pigments colorés font face à la ville, Véronèse, « le peintre de la couleur » les a utilisés tout comme les propriétaires de nombreuses maisons urbaines, rose pâle surtout. Les sols des rues sont faits, au centre, de grandes dalles de pierre appelées « lasagnes » par les habitants. On y trouve des fossiles d’oursins en forme de cœur ou de cercle, la guide, passionnante, nous les fait remarquer. L’histoire de la ville est ancienne, elle possédait l’ADN le plus mélangé d’Europe (Vénètes, Gaulois, Etrusques, Français. Autrichiens…). Les Romains ont laissé leurs traces sous forme d’un amphithéâtre en marbre rose de 30 000 places, le 8° de l’Empire romain, devenu un célèbre opéra en plein air. Les Scaliger ont fait ériger leurs tombeaux au centre de la ville, ces mausolées gothiques sont richement décorés et la grille en fer forgé, magnifique, porte les blasons de la famille : une échelle (scala). Les 2 places importantes de la cité sont, comme à Vicence, la piazza del Signori avec les palais, la statue de Dante, et la place aux herbes où se tient toujours le marché, c’est l’ancien forum romain. Le repas a lieu dans une ancienne église, un monde fou et beaucoup de bruit. Pour rejoindre le car, nous traversons l’Adige sur le pont de brique des Scaliger, la vue est superbe et, malgré le ciel gris et nuageux, nous repartons ravis de notre visite.
Mantoue est une ville toujours Lombardie, mais plus petite que Vérone, 50 000 habitants et surtout moins visitée par les flots de touristes croisés le matin. Construite sur les bords du Mincio, c’est la ville de l’auteur de l’Enéide, Virgile, puis de la famille des Gonzague. Ces souverains éclairés ont protégé du XV° au XVII° siècle des artistes comme le peintre Mantegna ou l’architecte Alberti, et construit un immense palais ducal de plus de 450 pièces sur 35000 mètres carrés, aux appartements somptueux décorés par Jules Romain avec un jardin suspendu. La famille, issue de mercenaires, sera ruinée par Vicente, le dernier descendant qui dilapidera son énorme héritage. Une branche latérale viendra s’installer en France fin XVI° siècle, ce duc de Nevers introduira la faïence dans la ville, son fils, Charles fera construire la célèbre place ducale de Charleville Mézières. L’église Saint André est immense, entièrement recouverte de fresques, élevée d’après les plans d’Alberti, elle est de style Renaissance et abrite le tombeau de Mantegna, peintre de la famille Gonzague. On y conserve le sang du Christ recueilli par un légionnaire, objet de pèlerinage d’où la taille imposante de l’édifice. Cette journée consacrée aux 2 villes a été bien remplie, nous rentrons à l’hôtel.
Jeudi 18, la journée va être consacrée au lac de Garde, le plus vaste des lacs italiens avec 52 km de long et 18 dans sa plus grande largeur. Le climat y est doux, aussi la végétation est-elle dense, luxuriante, vignes, citronniers, orangers, oliviers, cyprès, lauriers-roses… C’est le lac « bénéfique » pour les Romains, le « Bernacus », en plus, nous avons droit à une journée ensoleillée ! Le bus suit la rive orientale du lac, « la riviera des oliviers » de Peschiera jusqu’à Torre de Bernaco et s’arrête à Garda qui a donné son nom au lac. Au programme : un petit tour dans ce charmant petit port doté de nombreux bistrots en terrasses et boutiques élégantes. Puis le bus s’éloigne du lac et se dirige vers la cantina El Pignetto où nous attend une dégustation de vin local agrémentée d’une excellente charcuterie. A l’heure du repas, nous avons droit, cette fois-ci, à 4 parts de pizzas différentes.
L’après-midi visite de Sermione, sur une étroite langue de terre au sud du lac, se trouve cette petite ville, très touristique, il y a un monde fou, les parkings sont archipleins, il est vrai qu’il s’agit du week-end de l’Ascension. Nous prenons au pied du château des Scaliger, un petit bateau qui nous emmène aux grottes de Catulle (poète latin de Vérone) près desquelles jaillit une source d’eau thermale chaude, visible grâce aux bulles qui éclatent à la surface de l’eau. La ville, située dans l’enceinte du château est noire de monde, nous en faisons une visite rapide avant de reprendre le bus qui nous conduit à Trezzano, dans la périphérie de Milan, à 2 heures de route.
Vendredi 19 : Milan, 2° ville d’Italie après Rome avec 1,8 millions d’habitants, 1ère du pays pour l’activité économique. Fondée par les Gaulois, romaine ensuite puis ravagée par les Barbares, elle devient indépendante au XII° siècle, puis passe sous la tutelle des Visconti, des Sforsa ensuite avant l’occupation espagnole, française puis autrichienne et entrera dans le royaume d’Italie en 1861. Deux enceintes concentriques la délimitent, le château des Sforsa fait partie de la 1ère qui date du XIV siècle, nous le traversons sans entrer à l’intérieur. Quadrilatère en briques de 200 mètres de côté, il abrite aujourd’hui plusieurs musées.
Le corso Dante nous conduit à la Scala, le plus célèbre théâtre lyrique du monde, construit à la fin du XVIII° siècle par marie Thérèse d’Autriche sur l’emplacement de l’église de la Scala. De là, nous rejoignons la fameuse galerie Victor Emmanuel II, avec ses cafés, restaurants et boutiques de luxe, surnommée « le salon de Milan », difficile de s’y faire un passage tant il y a de monde. En forme de croix, de style classique, cette construction de verre et d’acier, terminée en 1877, débouche sur la piazza del Duomo, dominée par la grandiose cathédrale de marbre blanc, commencée au XIV° siècle par les Visconti, en gothique flamboyant. Sa façade toute en clochetons et flèches, 135, ne sera terminée qu’au XIX° sur les ordres de Napoléon. Plus de 3000 (1800 ??) statues ornent l’édifice, la plus haute est la Madonnina, la statue dorée de la vierge, symbole de Milan. Longtemps elle a été le point le plus haut de la ville avec ses 108 mètres, mais, depuis les années 50, trois immeubles l’ont dépassée et ont installé, à leur sommet, une copie de la statue. Les 5 nefs sont séparées par une cinquantaine de piliers aux parties hautes sculptées, le sol est de marbre blanc, rose et noir. Dans l’immense transept, on trouve une statue de Saint Barthélémy qui le représente écorché, portant sa peau sur son épaule, l’œuvre de Marco d’Agrate, un émule de Léonard de Vinci. Dans la crypte, une seule dépouille y repose, celle de Saint Charles Borromée qui fut archevêque de la ville pendant plus de 25 ans. Au-dessus de l’autel, un clou de la croix du Christ est enfermé dans une grande cage dorée à 45 mètres de haut une fois par an, l’archevêque de la cathédrale la sort à l’aide d’une machinerie spéciale, il est à souhaiter qu’il n’ait pas peur du vide ! Après le repas, sous la pluie, nous partons à la découverte du quartier de Navigli, l’ancien port fluvial, un système de canaux permettaient à la ville de communiquer avec l’Adda notamment et acheminer les produits agricoles et les blocs de marbre pour la construction du Duomo. Aujourd’hui le quartier est devenu un quartier d’artistes, très fréquenté par la jeunesse de la ville.
Samedi 20 : enfin un peu de temps libre à Milan, les uns en profitent pour aller rêver devant les boutiques de luxe du quadrilatère de la mode, d’autres se rendent à la pinacothèque de la Brera, en vain, il faut s’inscrire à l’avance, le musée Poldi Pezzoli est alors choisi. Il occupe la demeure magnifique d’un gentilhomme milanais du XIX° siècle. Des tableaux de Botticelli, Bellini, Mantegna …, des sculptures des meubles, des tapisseries, des verres de Murano, une extraordinaire collections de montres goussets, des vitraux peints, des objets religieux et un tapis persan du XVII°, sans doute un des plus ancien du monde, que de merveilles !
Mais il est l’heure de se diriger vers l’aéroport situé à plus d’une heure de Milan et de prendre l’avion qui nous ramène à Paris
où nous attendons 21 heures pour embarquer en direction de Toulouse. Un bus nous y attend et, à minuit, comme prévu, nous revoici tous les 15 à Au
Ainsi se termine ce beau voyage longtemps attendu puisqu’il devait se faire l’année de la pandémie. Nous donnerons le mot de la fin à Stendhal qui, dans la Chartreuse de Parme écrit : « que dire du lac Majeur, des îles Borromées, du lac de Côme, sinon plaindre les gens qui n’en sont pas fous ».
Geneviève Farret
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