C’est l’île du bout du monde.
La cote de l’Amérique du Sud est à 3800 km, Tahiti 4000 km, Hawaï 8000 km, l’Australie à 9000 km.
Ce n’est qu’en 1697 qu’un flibustier nommé Davis l’aperçoit; il la trouve tellement aride, tellement pelée, tellement hostile, qu’il n’a même pas l’envie de s’en approcher. Il s’éloigne toutes voiles dehors. Il faut encore attendre 35 ans pour que, le jour de Pâques de 1722 un autre bateau s’approche de l’île. C’est un hollandais qui le commande ce bateau, l’Arena, et il s’appelle Roggeveen. Il a décidé de jeter l’ancre devant cette île, car il a un besoin impératif de vivres et d’eau douce. C’est lui qui la baptise. Il est là quand le bateau glisse le long de la côte; il a vissé à son œil une longue vue. Tout à coup, alors que jusque là il regardait cette terre qui montait vers des volcans dont la cime était perdue dans les nuages, il voit quelque chose qui le laisse stupéfait, une sorte de monstre qui s’élève là devant ses yeux, une sorte de statue; oui, c’est une statue, humaine. Promenant sa longue vue sur la plage, il voit qu’il y en a partout de ces statues; il y en a environ 800 – dont la moitié reste inachevées –, qui toutes, tournent le dos à la mer – sauf 7 – et qui regardent le volcan. Quand il sera tout prêt de la côte, il les verra, d’énormes têtes, de longs bustes enfoncés dans le sol, il n’y a pas de jambes, il n’y a rien d’autre qu’une tête et un buste, et sur certaines de ces tête se trouve une sorte de chapeau qui tient en équilibre. Elles se ressemblent beaucoup, mais elles sont toutes légèrement différentes les unes des autres. On dirait presque une galerie de portraits. Qu’est-ce à dire ?
Et le hollandais regarde la masse colossale : ce n’est pas pour rien qu’on les appellera et qu’on les appelle encore les colosses de l’île de Pâques. Il se dit qu’il faudrait des prodiges pour transporter de telles statues, pour les ériger, pour les dresser. Qui a pu faire cela ? Comment a-t-on pu faire cela? Et quand il verra les indigènes approcher, dans leur aspect si primaire, si démunis, n’ayant rien, et surtout pas des outils, des engins de levage, des machines, des treuils, il se dira que ce sont d’autres gens qui ont dressé ces statues. Mais quels gens? Quels hommes? Et quand? Encore Roggeveen croyait-il que ces statues étaient en argile, remplies ensuite de cailloux; nous, nous savons qu’elles sont en pierre. Nous savons que les plus légères pèsent 3 tonnes, la plus lourde pèse 100 t, que les plus petites mesurent 3 m de haut, que la plus longue fait 20 m de long, la hauteur d’un immeuble de 6 étages. Nous savons qu’il y en a partout dans l’île, que certaines ont été transportées à 10 km de la carrière où on les a sculptées, le hollandais ne le savait pas.
En suivant les travaux de plusieurs chercheurs, notamment de Thor Heyerdahl, en une heure, avec des images, des films et un exposé qui se voulait le plus clair possible, nous avons essayé de répondre à ces questions, et à beaucoup d’autres.
Laurent MAURAS
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