Confinement : menu de luxe, service Rabelais32

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Ce n’est pas une surprise, le confinement est prolongé.

Bon, allez, inutile de se lamenter! Inutile d’imiter Don Diègue et du haut de votre escalier, somptueusement drapé dans votre peignoir, inutile de déclamer:

Ô rage! Ô désespoir! Ô Covid ennemi,

N’ai-je donc tant vécu que pour supporter cette pandémie

Et n’ai-je pas suffisamment oeuvré

Que pour voir en un jour tant de projets s’écrouler!

Inutile de vous égosiller! D’abord personne ne vous attendrait et du haut de votre perchoir, vous prendriez le risque de dégringoler. Soyez raisonnables! Relativisez les désagréments. Aucune pénurie alimentaire ne se profile. Des difficultés à trouver certains produits? Robinson Crusoë a bien survécu plusieurs années sur « l’Ile du Désespoir » en ne se nourrissant au tout début que des dons de Dame Nature. Qu’il nous serve de guide.

Ne pestez plus contre ces plantes sauvages; irritantes et multiples, elles poussent avec entêtement. Ne vous obstinez plus à les arracher, leur persévérance gagnera. Imaginez qu’elles peuvent nous sauver de la disette.Accompagnés du chant mélodieux des oiseaux, du concert à peine perceptible des insectes et du bourdonnement des abeilles, partez à la cueillette.La nature est généreuse au mois d’Avril,: en une heure votre panier sera rempli…..

A vos couteaux et casseroles!

 

En entrée, qu’en diriez vous, des poireaux de vigne? Ils poussent en colonie dans les vignes et les champs. Cuits à la vapeur, ils sont délicieux en vinaigrette. Soyez patients, il faut  » poireauter  » un moment en attendant la cuisson parfaite.

Un plat chaud? Vous saliverez devant une poêlée de bourrache, splendide plante aux fleurs bleues violacées. Cuite à l’eau, vous la cuisinerez comme des épinards, le plat préféré de Louis XVIII. en raison de sa goutte chronique son médecin lui en avait interdit la consommation.

– « Quoi! Je suis roi de France! et je ne pourrais pas manger d’épinards! » s’était-il exclamé.

Tout confinés que vous soyez, appréciez votre privilège, la liberté de régaler vos papilles sans contre-indication!

En dessert, grignotez quelques tubercules grillés de souchet. Bien meilleur que les noisettes.

J’entends les critiques de quelques diététiciens pointilleux. Menu mal équilibré! Manque de protéines! Libre à vous d’ajouter quelques escargots, ces herbivores qui se font un plaisir de ravager pendant la nuit feuilles et jeunes plants. Mettez au sommet d’un bâton une feuille de chou coiffée d’un petit pot en plastique renversé en souhaitant que le limaçon flaire le chou. Ainsi il passera la nuit. Sous la feuille, le matin vous le trouverez….ou pas…

Pour terminer, préparez une infusion de mélisse, cette plante vivace, très vivace: installée dans votre jardin,, elle ne le quitte plus et prolifère avec hardiesse. Vous aurez l’impression de boire « un thé de Chine »…Pas très tendance ces temps-ci.

Soignez la présentation de vos plats! Ne vous refusez rien, des fleurs les embelliront! Improvisez-vous coloriste : imitez Cora Pearl . Cette célèbre courtisane sous le deuxième Empire parsemait sa table de violettes éblouissant ses invités pourtant blasés.

Célébrons le retour à nos racines. Rien ne manque…Si ce n’est la joie de se réunir autour de la table et de savourer, ensemble, ce menu avec délectation.

 

 

Courage! Au mois de Mai la nature nous offrira de bien meilleures plantes…Des papillons virevoltent déjà sur les boutons des mauves…

CH D

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