Nérac et son blason « d’azur au soleil d’or ». Un rayonnement sur l’Albret !
Nul doute, en ce début de matinée plutôt pluvieuse c’était le seul astre à briller sur cette jolie cité médiévale et Renaissance située au nord-ouest du département du Lot et Garonne, à l’orée de la forêt landaise.
La visite du château d’Henri IV sera un voyage au cœur de l’histoire. De l’édifice de style Louis XII formant la transition entre l’art gothique et la première Renaissance ne subsiste que l’aile nord classée monument historique en 1862. Elle offre une élégante galerie aux colonnes torses et des chapiteaux sculptés.
Dans cette aile, où logeait la reine de Navarre, des collections du XVI au XIX ème siècle retracent l’histoire du château et de son domaine royal. Nous revivons l’esprit de cette cour de Navarre au XVI ème, une cour aux multiples facettes à la fois politique et religieuse où la noblesse déploie son art de vivre et son raffinement.
Parcourons les pièces de ce château édifié au XIV ème sur les bases d’un ancien fort gascon par Alain d’Albret le Grand, trisaïeul d’Henri IV et retrouvons en premier l’histoire de la famille d’Albret.
Au XII ème siècle, les seigneurs d’Albret, modeste famille landaise originaire de Labrit, s’installent à Nérac pour en assurer la protection. Ils obtiennent la juridiction complète de Nérac en 1306. Mariages et acquisitions leur permettent de devenir un des premiers lignages du royaume, héritiers de la couronne de Navarre puis de France. Au XIV ème siècle, Nérac est une des résidences favorites de la famille des Albret, devenue alors l’une des plus importantes du Duché d’Aquitaine. Jusqu’à la fin du XVI ème, le château accueille les personnages les plus influents de l’époque grâce au prestige des trois cours qui se sont succédées . Celle en premier de Marguerite d’Angoulême, puis celle de sa fille, Jeanne d’Albret et, enfin, celle d’Henri III de Navarre, le futur roi de France Henri IV et de son épouse, Marguerite de Valois. Nérac est alors un fief du protestantisme avant de devenir un havre de paix et de tolérance religieuse sous Henri III de Navarre.
Dans la pièce suivante, le cabinet de travail de Jeanne d’Albret, découvrons le tableau de la naissance d’Henri de Navarre, futur roi de France réalisé par l’artiste agenais Jean-Baptiste Bourières vers 1841 d’après une œuvre originale d’Eugène Devéria aujourd’hui exposée au Louvre. Le peintre choisit de montrer le grand-père d’Henri IV, Henri d’Albret, brandissant le nouveau-né à l ‘assemblée des courtisans.
» La pièce du Roi » est ornée du tableau peint par Pierre-Jérôme Lordon en 1827, » l’entrée d’Henri VI à Libourne après la bataille de Coutras », victoire capitale dans la vie du roi en 1587. Fameuse bataille pendant la guerre de religion opposant les protestants dirigés par Henri de Navarre aux catholiques menés par le duc Anne de Joyeuse. La légende autour du roi porte souvent autour des femmes et ce tableau n’y échappe pas avec ce groupe de trois femmes bien apprêtées en admiration devant Henri .
La statue du roi offre l’occasion à notre guide de rappeler quelques dates remarquables : l’arrivée d’Henri III sur le trône de Navarre en juin 1572, son mariage avec Marguerite de Valois le 18 août 1572 suivi du massacre de la Saint-Barthélemy déclenché à Paris le 24 août 1572, son accession au Royaume de France sous le nom d’Henri IV en 1589, son mariage en secondes noces avec Marie de Médicis en décembre 1600 et le 14 mai 1610 son assassinat à Paris par un fanatique catholique, François Ravaillac.
Un salon est entièrement dédié à Marguerite de Navarre. Diplomate et influente reconnue en son temps, Marguerite de Navarre reste aujourd’hui avant tout connue pour son talent littéraire, désignée à posteriori par l’histoire comme l’un des premiers écrivains français. Érudite et humaniste, elle fut à l’origine d’une des plus belles cours du royaume de France, fastueuse, artistique et tolérante. L’autrice de « l’Heptaméron » apparaît ici tenant une perruche à collier, telle qu’elle est dans le portrait peint par Jean Clouet en 1527.
Nous traversons le curieux « appartement de bains «. Voûtée d’ogives, la pièce principale s’apparente à une chambre de chauffe. Les alcôves servaient fort probablement de vestiaires et de chambres de bain. Un troisième cabinet pouvait servir d’étuve..
Rentrons maintenant dans la pièce consacrée à la cuisine . La lecture du« menu traditionnel » de l’époque est étonnante ! Oubliée la légende de la poule au pot ! Bien qu’associée au plus célèbre de nos gascons, cette recette n’est pas véritablement une tradition culinaire de l’Albret. Les gibiers sont monnaie courante à la table des gascons. A la Renaissance les pâtés de gibier sont déjà sur les tables du roi de Navarre. « Bonne cuisine et bon vin, c’est le paradis sur terre »… tel était l’adage du bon roi Henri IV associant allègrement au faisan, pigeons confits,lapereaux de garenne, tourte d’asperges, fruits confits et plat de crème.
Dernière salle, la salle des costumes où est présentée une étonnante collection de costumes en papier réalisés par la costumière-plasticienne agenaise Inge Zom Gauthier. Ces créations graphiques, fidèles reproductions des costumes de la Renaissance permettent de donner un aperçu de la mode vestimentaire à cette époque et de son évolution. On peut admirer les somptueuses robes de Marguerite de Navarre, Jeanne d’Albret et Marguerite de Valois et deux costumes de la gente masculine, celui d’Henri II et d’ Antoine de Bourbon Le costume du petit prince Henri est une véritable copie des vêtements pour adultes.
Anonymus
Eh oui ! nous avons vu tout ça en une journée ! ce compte-rendu nous fait revivre la découverte de Nérac pour notre plus grand plaisir.Des photos superbes viennent illustrer ce texte, magnifique ! félicitations aux auteurs et aux photographes. Un grand merci à Monique pour cette mise en page sur le site Rabelais.