Le 11 novembre 1918 les allemands repassaient le Rhin, le 11 novembre 2022, les russes repassent le Dniepr ; 104 années séparent ces deux retraites. Toujours la même Histoire, toujours recommencée et qui se termine toujours de la même façon. « Quelle connerie, la guerre ! » (Jacques Prévert).
Je pense au très beau poème d’Arthur Rimbaud « Le dormeur du val » écrit dans sa jeunesse, bouleversé par les horreurs d’une guerre impitoyable. Aujourd’hui, je m’interroge : combien de « dormeurs » dans le Val du Dniepr ?On leur a donné un fusil, inventé un ennemi et ils sont partis pour l’honneur de La Grande Russie ! A peine arrivés au front, ils sont tombés, sans rien comprendre, peut-être ont -ils crié, appelé…mais personne ne les a entendus. Le bruit de la guerre est assourdissant ! Ils s’appelaient Dimitri, Yvan, Sacha…peu importe, on ne saura pas leurs noms. Ils n’avaient pas vingt ans…
En ce jour d’armistice, les hommes d’État responsables de la Nation, portent sur leur poitrine un bleuet – ou un coquelicot – en souvenir de nos soldats morts sur les champs de bataille. Comment cette petite fleur si jolie et combien innocente, qui s’épanouissait dans les champs de blé est-elle devenue l’emblème des disparus pendant la Grande Guerre ?
Ne les oublions pas.
M.N
Le dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
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