« Sur le plus haut des monts s’arrêtent les chevaux » ( Alfred de Vigny )
Quand on part randonner dans nos Pyrénées, on le devine, on l’espère, ce quelque chose d’inattendu.
Ce jour-là nous étions neuf, trois garçons et six filles, décidés à profiter d’une journée sans orage.
Cette balade au départ de la Hourquette d’ Ancizan en direction du lac d’Arou était connue de plusieurs d’entre nous. Un dénivelé fort raisonnable, une montée sans forêt, la prairie verte, verte, un panorama à 360°, le pic en vue bien entendu !
Bien retardés par des travaux à partir d’Arreau (enterrement d’une ligne à haute tension), nous sortîmes des voitures avides d’espace et d’air frais .
O montagne d’azur ! ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;
Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre
Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre.
Dès le début, nos regards se portèrent sur la silhouette d’un cheval se découpant sur fond d’azur, nous souhaitant à l’évidence la bienvenue. Les rhododendrons tout juste fleuris, quel délice ! D’un bon pas nous nous sommes élevés pour atteindre le lac, lieu prévu pour le pique-nique . Bernard avait tout prévu : tout un groupe de juments et leurs petits nous attendaient. Point de marmottes,ni d’izards mais un attendrissant spectacle de chevaux en liberté : des chevaux de trait solides, roux, bien campés sur leurs sabots, sans doute élevés pour leur viande.
Attendrissant mais aussi entreprenant : une jument, d’une curiosité certaine souhaita partager le contenu de nos gamelles. Bernard essaya de l’écarter, Jean-Louis jouait l’indifférent, Anne Sylvie et Christine s’étaient réfugiées sur quelques rochers plus haut, alors Jean-Paul, preux chevalier, se dévoua et parvint à repousser (non sans mal) les avances de cette demoiselle. Après une réconfortante pause, le retour par un chemin différent très agréable nous permit de rejoindre le point de départ.
Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.
À l’horizon déjà, par leurs eaux signalées,
De Luz et d’Argelès se montraient les vallées.
L’armée applaudissait. Le luth du troubadour
S’accordait pour chanter les saules de l’Adour ;
Comme à l’allée mais en plus grand nombre, chevaux et vaches se découpant sur l’horizon nous souhaitaient bon retour.
Fidèles aux bonnes habitudes, nous estimâmes que nous méritions bien un pot.
Extraits du poème Le Cor d’Alfred de Vigny
Laisser un commentaire