Voyage dans les Pouilles du 26 mai au 2 juin 2024

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Le dernier dimanche de mai, nous voilà, à 7 h 30 du matin, tous les 16 membres du groupe Rabelais 32 réunis à la gare routière pour prendre le car jusqu’à Blagnac où nous attend Marine, notre accompagnatrice lors de ce voyage. Il débute par un vol aérien en Airbus qui atterrit à Roissy. Là, nous attendrons 3 heures avant de prendre la destination de Naples, plus exactement de son aéroport Capodichino, nous y arrivons à 18 h 15. Le groupe, gonflé par une vingtaine de nouveaux membres venus de toute la France, prend en bus, la direction de la région de Salerno où se trouve notre hôtel. Les vues de la banlieue napolitaine ne sont guère enthousiasmantes, maisons peu entretenues, pas toujours terminées, mais, sur la route à 4 voies, l’autocar nous conduit sans problème à destination.

Lundi : il fait beau, direction Paestum à 40 km de Salerno, magnifique ! Ce site antique est de toute beauté, avec 3 temples grecs bien conservés grâce aux marécages qui ont envahi l’endroit et la malaria qui a chassé les populations et ce jusqu’au XVIIIème siècle, où ils ont été découverts. Dans cette petite cité de 8000 habitants, proche de la mer, dédiée au dieu de la mer, Poséidon, vivait une population aisée grâce, en partie, à la culture des roses rouges qui permettait la création d’un parfum très renommé. Le premier temple est celui d’Héra, l’épouse de Zeus, de dimensions impressionnantes, il est majestueux. Cette demeure de la déesse aurait, plus tard, servi d’église, là, comme dans le deuxième, plus ancien d’un siècle, et dans le troisième consacré à Athéna, l’ordre dorique est roi. La pierre calcaire qui les habille, de couleur légèrement dorée, accentue encore la beauté faite d’une grande simplicité, de ces édifices. Un grand forum a remplacé l’agora grecque à partir du IIIème siècle avant J.C., il était bordé de boutiques d’artisans, la piscine où s’entrainaient les jeunes hommes est toujours visible, mais sans eau ! Quant à l’amphithéâtre, il a été coupé en 2 par le passage de la route. Le site est enchanteur, assez peu fréquenté en ce début de matinée et le guide passionnant. Il possède une érudition à toute épreuve concernant l’histoire de la Grande Grèce.

Au Musée, le clou de la collection est la célèbre tombe du plongeur, datant du Vème siècle avant J.C. Elle a été découverte en 1968, c’est la seule tombe existante décorée de fresques colorées figurant un plongeon dans l’au-delà sur le couvercle et sur les côtés : des scènes de banquet. Plus d’un million d’objets ont été trouvés sur le site, notamment plusieurs vases noirs contenant du miel en partie récupéré, lequel était destiné aux morts pour les alimenter dans l’autre monde. Un seul de ces vases avec son contenu représente 20 années de revenu pour une famille de 4 personnes ! De nombreuses statuettes d’Héra, retrouvées dans des puits étaient des offrandes à la déesse.

Après le repas, plutôt décevant, nous quittons la Campanie pour un long trajet de 200 km à travers la Basilicate, terre montagneuse traversée par les Apennins, le village d’Eboli longe notre route. Il a donné son nom à un livre très célèbre « Le christ s’est arrêté à Eboli » de Carlo Lévi, ce médecin et écrivain, opposant à Mussolini, avait été exilé dans cette région, il en décrit les conditions de vie misérables de sa population

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Mardi : Direction Matera, la plus grande ville, 30 000 habitants, de la Basilicate, à 20 km de notre hôtel. Cette ville, la plus connue de cette région, est construite sur un plateau qui surmonte un profond ravin occupé par les sassi (le mot signifie caillou), il s’agit d’habitations troglodytiques réparties dans 2 quartiers. Habités par de pauvres paysans, ne disposant ni d’eau, ni d’électricité, et vivant sur des superficies exiguës qu’ils partagent avec la mule et les volailles. Ces quartiers ont été longtemps « la honte de l’Italie ». Les premiers habitants furent des moines fuyant l’Asie Mineure, d’où le nombre important d’églises rupestres, plus d’une centaine (nous n’en visiterons pas). Ces cavités creusées dans la roche calcaire tendre abritèrent ensuite jusqu’aux années 60 une population rurale entassée dans un espace restreint formé de petites ruelles, de terrasses et de places de « voisinage ». Aujourd’hui, l’Etat possède 80 % des sassi, les maisons composées d’une seule pièce ont été rénovées et si elles sont habitées, c’est par une population aisée. Si on ne trouve plus de mule ou de volailles, on peut y rencontrer quelques chats qui se chauffent au soleil.

Nous repartons pour Ostuni, petite ville blanche sur la côte adriatique entre Bari et Brindisi, bâtie sur un promontoire, sa blancheur est visible de loin. Cette fois-ci nous sommes dans les Pouilles (rien à voir avec le mot pou ou pouilleux), ou plutôt La Pouille pour les Italiens ou encore Puglia, l’appellation provient de la déformation de l’ancien nom Apulée. Cette région constitue le talon de l’éperon de la botte Italienne, peuplée de 4 millions d’habitants regroupés, pour l’essentiel dans des villes moyennes. Sa densité est élevée : plus de 200 habitants au km2 ( on est loin de celle du Gers !). De riches plaines permettent de diversifier les cultures : blé, vignes, arbres fruitiers, et surtout oliviers, il y a en a 60 millions, autant que d’Italiens. La région grâce à sa position « l’Occident et l’Orient » a subi de multiples influences : aux premiers habitants de la Préhistoire se sont succédés les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Normands, les empereurs souabes puis, au XVème siècle, le pays devient la proie de l’Europe, Français, Espagnols, Autrichiens se disputent les possessions italiennes. Ce n’est qu’en 1861 que se fera l’unification de l’Italie.

Ostuni donc est au centre d’une grande forêt d’oliviers, la ville a la blancheur des village andalou ou algériens, ses bâtiments sont recouverts de chaux, opération qui se déroule tous les ans et qui a pour but de limiter les rayonnements du soleil. La cathédrale du XVème siècle de style gothique fleuri arbore une belle rosace de 24 rayons. Après le repas, nous repartons vers une masseria (grand domaine agricole) spécialisée dans l’oléiculture. Cette propriété de 100 hectares possède 17 000 oliviers dont plusieurs ont plus de 1000 ans. Le domaine est bien équipé, il cultive plusieurs variétés d’olives, ce qui lui permet d’étaler les récoltes, l’huile est produite sur place. Pour en obtenir 1 litre, il faut 100 kg d’olives. Les oliveraies sont surveillées par les services de l’Etat, on ne peut couper les arbres sans autorisation, si les plantations sont proches les unes des autres, la culture est industrielle et les arbres ne sont ni très haut pour faciliter le ramassage, ni très vieux car souvent remplacés, ce qui n’est pas le cas de la culture artisanale. Après une dégustation des différentes huiles et quelques achats, nous quittons la maseria en direction du sud du talon de la botte vers Lecce.

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Mercredi : Dans les Pouilles méridionales se trouve la ville de Lecce, nous l’atteignons après avoir traversé un bien triste paysage : celui d’oliveraies dévastées par la maladie due à une mouche qui finit par tuer les arbres. Lecce est la ville du baroque par excellence, on la qualifie aussi de « Florence du sud » à cause de son université, mais ce qui frappe le plus, c’est son architecture faite de palais, d’églises construits avec la « pierre de Lecce » une pierre calcaire blonde et tendre, facile à travailler et les sculpteurs ne s’en sont pas privés ! Cette ville a connu son apogée aux XVI, XVII et XVIIIème siècles, où les édifices baroques puis rococo se sont multipliés, ce qui donne à la ville une grande homogénéité. La place du Duomo est fermée sur 3 côtés, cas unique en Europe, elle est occupée par la cathédrale dotée d’une double façade, une sobre tournée vers la place, et une 2ème sur le côté gauche qui possède une porte récente, en bronze. Le campanile, l’un des plus haut du continent, compte 5 étages, il s’élève à 70 mètres de haut, la statue de Sant’ Oronzo, le protecteur de la ville, veille sur la cité qu’il a protégée de la peste. On trouve aussi sur cette place un élégant palais épiscopal et l’ancien séminaire doté d’un puits.  La piazza Sant’ Oronzo est l’endroit le plus animé de la ville, on y trouve un amphithéâtre romain, une église vénitienne qui témoigne des liens commerciaux entre les 2 villes. A midi la voix du ténor Tito Scipa, né à Lecce en 1868, surnommé « le prince des ténors » s’élève dans les hauts parleurs, c’est le moment aussi où une petite pluie fine s’abat sur le groupe. Quelques-uns en profitent pour se mettre à l’abri et déguster dans un café un « expressino » (expresso recouvert de mousse de lait et de poudre de cacao). Dans la rue principale où les boutiques sont nombreuses et plutôt chic nous sommes interpelés par un « artiste de rue » qui en français nous fait la réclame de son livre « Histoires en cours », des récits sur quelques-uns des habitants originaux de la ville, mais le temps presse, nous nous sommes attendus dans une pizzeria.

L’après-midi, le bus nous conduit à une cinquantaine de kilomètres, au port d’Otrante, cette « porte de l’Orient » située à l’extrême pointe sud des Pouilles, face à l’Albanie, est un petit port de pêche et de plaisance et surtout une localité touristique, la mer est claire, il y a même un baigneur. Le fort aragonais doté de tours rondes est imposant, la cathédrale, construite par les Normands aux XI et XIIème siècles, possède à l’intérieur, un pavage qui représente l’arbre de vie et qui occupe toute la superficie de la nef. On y trouve aussi une chapelle qui abrite les crânes et les ossements des 800 victimes des Turcs trucidés en 1480, le pape François vient de les canoniser. La crypte, grande et lumineuse, est décorée de fresques comme celle de la Vierge ou de la crèche. Une petite pose bien méritée sous le soleil nous conduit chez un glacier qui parmi ses nombreuses variétés de glace, nous en propose une à l’huile d’olive noire. Puis c’est le retour vers le même hôtel que la veille.

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Jeudi : Nous repartons en direction d’Alberobello , la ville célèbre pour ses truilli, ces huttes chaulées, de pierre sèche surmontées de toits coniques faits de galets de pierre calcaire devenus gris avec le temps, datent les premières du XVIème siècle. Elles abritaient les ouvriers agricoles de la famille Aguaviva à la tête d’une latifundia et qui avait besoin de main d’œuvre pour cultiver ses terres. Aujourd’hui, la ville connait à cause de ses trulli restaurés une grosse affluence touristique, les boutiques de souvenirs y sont nombreuses. Nous rentrons dans un trulli qui a abrité, dans une seule pièce, une famille de 13 enfants ! Près du palais de chasse de la famille noble, il y a une maison appelée « maison d’amour » datant de 1797, c’est la 1ère maison construite en dur par des habitants qui, jusqu’alors, logeaient dans un trulli.

Pour le repas, nous sommes gâtés : il a lieu dans une maseria très chic à 6 km de la ville, nous sommes servis par un personnel stylé et nous avons droit à un repas de qualité.

L’après-midi, nous rejoignons la plus grande ville des Pouilles : Bari laquelle dépasse les 300 000 habitants. Le temps est gris, il tombe quelques gouttes lorsque nous pénétrons dans la partie moyenâgeuse de la cité portuaire, les rues y sont étroites et tortueuses, on passe devant quelques belles demeures. La ville, qui au temps des Croisades a été le point de départ des expéditions vers la Terre Sainte, possède de nombreuses églises, le Duomo bien sûr, et la basilique Saint Nicolas de style roman apuléen du XIème et XIIème siècle avec un magnifique portail décoré de lions et d’éléphants, elle contient dans sa crypte les reliques du Saint volées par les marins de Bari à la ville de Myra en Asie Mineure. Nous ne verrons pas le château, une forteresse dotée de bastions qui a été une des demeures de Frédéric II. A la fin de cette visite incomplète, nous nous arrêtons devant 2 étaux tenus par des personnes qui nous proposent des pâtes faites maison, mais notre attention se porte sur 2 personnes du groupe qui viennent de faire une chute sur les pavés glissants, heureusement sans gravité.

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Vendredi : De bon matin, nous prenons la route de Castel del Monte. Cette forteresse, visible de loin car édifiée sur le sommet d’une colline avec une pierre calcaire dorée, date du XIIIème siècle, elle a été édifiée par Frédéric II Hohenstaufen, le petit fils de Barberousse. Ce roi de Sicile, héritage maternel, était aussi empereur de Germanie, son règne correspond à un âge d’or pour les Pouilles qui sont alors une des régions les plus prospères d’Europe. Surnommé « l’enfant des Pouilles », Frédéric était un homme de grand savoir, il dirigea la 6ème Croisade, devint roi de Jérusalem et signa un traité avec les musulmans en 1229, ce qui lui valut les ires de la Papauté, des barons franc(s) et des ordres religieux. Il meurt dans le château de Fiorentino alors que son astrologue lui avait recommandé de se méfier des fleurs ! L’architecture de cette forteresse est impressionnante, huit tours octogonales l’entourent, ce chiffe 8, chiffre de la connaissance, correspond aussi au nombre des pièces de chaque étage. L’eau, rare dans ce paysage calcaire, est récupérée lors des pluies par des citernes puis canalisée en direction des différentes salles  Les portes et les fenêtres sont faites de brèches coralliennes (un calcaire mêlé à de la terre) de couleur rouge foncé, mais l’intérieur est vide, les dalles de mosaïque et de marbre qui recouvraient les murs ont été volés au cours des siècles, le rachat de l’édifice n’a été réalisé qu’à la fin du XIXème siècle. Ce monument spectaculaire, le plus célèbre des 82 châteaux qu’il fit construire, n’a pas eu de fonction militaire, les meurtrières sont trop étroites, c’était peut-être une résidence de chasse. Le film « le nom de la rose » a été tourné dans cet édifice.

A midi, pour le repas, nous faisons une halte à Trani où se trouve une élégante église au bord de l’Adriatique, mais elle est fermée aujourd’hui, tout comme le château de Frédéric II. Nous poursuivons la route très sinueuse à travers le massif du Gargano situé tout au nord des Pouilles jusqu’à la station balnéaire de Vieste où nous dormirons.

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Samedi : Direction le golfe de Manfredonia (le fils de Frédéric II) avec un arrêt au Monte San’t Angelo, ce petit village au sommet d’un éperon rocheux est célèbre grâce aux trois apparitions de l’archange Michel au Vème siècle après JC. C’est donc un lieu de pèlerinage très fréquenté, le 3ème le plus important de la Chrétienté après Jérusalem et Rome. Un double portail d’entée dont un datant de la période française avec Charles d’Anjou, frère de Saint Louis, permet d’accéder à un long escalier qui nous conduit à la grotte protégée par une solide porte de bronze. L’intérieur de la grotte a été transformée en église gothique, on peut y admirer une statue du saint en marbre blanc du XVIème. A l’extérieur, quelques boutiques proposent des fruits secs, des lentilles…et de grosses miches de pain.

Mous redescendons dans la plaine, traversons les Apennins et prenons la direction de Naples pour arriver à Ercolano au pied du Vésuve dans la grande banlieue sud de la ville ; En 79 après JC, le port d’Herculanum à proximité de Pompéi a été recouvert d’une boue volcanique très compacte, laquelle a permis la conservation d’une partie des bâtiments urbains. On y trouve de belles maisons patriciennes décorées de fresques, comme la maison de Neptune et de sa femme Amphitrite, on peut y voir une boulangerie avec ses 2 meules à grain, ou la villa aux papyrus (2000 textes y ont été découverts), des thermes en 2 parties, celle des hommes et celle des femmes, les salles tièdes possèdent des conduites qui amènent de la vapeur dans ces pièces. Les squelettes retrouvés indiquent que les habitants ont été surpris par l’éruption ils n’ont pas eu le temps de fuir. Après cette visite au pas de course, nous repartons vers notre dernier hôtel situé près de la base américaine.

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Dimanche : une journée mouvementée qui va se prolonger jusqu’à une heure du matin ! Le vol du retour prévu pour 12 h 35 est retardé faute d’un incident qui a obligé l’avion venant de Paris à faire demi-tour. Nous embarquerons autour de 18 h après une longue et interminable attente, l’arrivée à Roissy est trop tardive pour avoir la correspondance vers Toulouse. Nous poirotons jusqu’à minuit passé avant qu’un bus nous amène à un Campanile où, munis d’une boîte de casse-croute et d’un d’un kit de toilette, nous allons pouvoir nous reposer 3 heures.

 

A 5 h, nous revoilà partis pour Roissy, 16 places ont pu être trouvées dans le 1er avion pour Toulouse, où nous arrivons à 9 h. Une autre déconvenue nous y attend : le bus n’arrivera que dans deux heures, enfin à midi nous voilà de retour dans notre ville !

Comme le souhaitait la directrice du 1er hôtel dans la région de Salerno, j’espère que « ce voyage a été une belle page de votre vie ».

G.F.

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