Séjour dans le Tarn du 19 au 22 juin 2024

Classé dans : A partager, Randonnées découverte | 0

Nos quatre jours en « Toscane Occitane »… Une appellation décriée par « la vraie Toscane », dénoncée à Bruxelles par un eurodéputé italien… Ménageons les susceptibilités italiennes… Nos quatre jours en « Pays de Bastides et vignobles du Gaillac »…

Quatre jours de découverte de citadelle en citadelle sous un soleil grisailleux parfois légèrement pluvieux.

Béatrice, notre guide durant les randonnées, nous attend à l’entrée de Castelnau de Montmiral. Plus amateurs de petits sentiers que d’axes goudronnés, nous quittons rapidement la route de Sivens pour emprunter le chemin du bois de Gradille. Passionnée par l’observation et l’étude des végétaux, Béatrice nous donnera notre première leçon de botanique. A la fin du séjour, nous connaîtrons toutes les particularités des plantes du causse, de la sauge au millepertuis en passant par le tamier, le chêne pubescent et l’orchidée pied de bouc dont l’odeur nauséabonde semble avoir chassé toute la faune de ces lieux. Dommage! Ni oiseau, ni le moindre petit mammifère. Une bifurcation, par le chemin du « Causse de Derrau » nous arrivons à la croix Saint Jérôme érigée sur une esplanade. Superbe vue sur le village de Castelnau de Montmiral et la forêt de la Grésigne classée Natura 2000.

L’éperon rocheux « Le Pechmiral » nous offrira lui aussi un magnifique panorama sur les collines environnantes et un lieu de pique-nique idéal avant de visiter Castelnau.

Posée sur un roc surplombant la vallée de la Vère, la cité médiévale a gardé tout son charme. Fondé en 1222 par le comte de Toulouse Raymond VII, Castelnau de Montmiral, »le Mont d’où l’on voit », occupait une situation stratégique, guet d’observation et forteresse imprenable. Pendant la guerre de cent ans, les Anglais conduits par le Prince Noir envahiront l’Albigeois en 1345 mais n’oseront pas attaquer la ville. Pendant les guerres de religion, Castelnau n’adhèrera jamais au protestantisme et accueillera les catholiques de Gaillac chassés de la ville par les protestants majoritaires.

Linda nous accompagnera lors des visites des sites. Sous sa conduite, nous arrivons à la place des arcades entourée de maisons médiévales aux arcades originales en rez de chaussée abritant notre gîte, « l’hôtel des Consuls », cafés et restaurants. C’est un endroit convivial où nous avons apprécié de prendre l’apéritif après nos randonnées en évitant pudiquement de regarder le pilori, un solide pilier en pierre où autrefois étaient attachés les animaux avant leur sacrifice, les petits voleurs et…les femmes adultères… Au centre de la place pavée, le puits a gardé sa margelle et sa poulie.

Déambulons entre les maisons à pans de bois ou à encorbellement, dont certaines datent du XV° et du XVI°, jusqu’à l’église gothique « Notre Dame de L’Assomption ». Ce sanctuaire abrite de précieux trésors en particulier une croix reliquaire des Comtes d’Armagnac, cadeau de Charles d’Armagnac. L’église étant fermée lors de notre passage nous ne pouvons pas admirer ce joyau richement orné de 310 pierres précieuses, un des plus beaux spécimens de l’orfèvrerie méridionale du début du XIV°.

De ruelles en ruelles, partons à la découverte des bâtiments historiques : la maison de la Rose où les pèlerins peuvent se reposer, la maison noble de Tonnac aurait hébergé les troupes de Louis XIII le 24 juin 1622. Non moins remarquables, la façade arborant le bouquet de Saint Eloi, le chef d’oeuvre d’un maréchal-ferrant et, place de l’ancien foirail, la maison embellie par une petite échauguette et une fenêtre à croisée. Une dernière rue en pente, nous arrivons à la porte des Garrics, vestige des murailles de l’ancien château seigneurial détruit en 1819.

Jeudi matin, nous retrouvons Béatrice, toujours aussi dynamique et joviale pour randonner en forêt de Grésigne jadis gardée par les seigneurs de Puycelsi. Formée par une roche rouge, « le gré qui saigne » d’où elle tire son nom, cette forêt domaniale est la plus importante du Tarn et l’une des plus grandes chênaies du Sud de la France et d’Europe. Ses 3530 hectares ont très tôt souffert d’une exploitation abusive. Déjà sous le règne de François Ier, l’abattage des arbres est autorisé pour la fabrication des merrains de barriques. Au XVII, Jean Baptiste Colbert en fait sortir la charpente de la marine royale de Louis XIV. Les verriers en extraient le bois pour alimenter leurs fours et assurer leur production aux couleurs si particulières vertes ou bleus-verts. Les charbonniers coupent sans compter pour produire le charbon de bois…et les riverains l’utilisent pour le chauffage. « Le Mur Louis XIV » est construit pour éviter le pillage de la forêt. Cette exploitation anarchique contraint l’état à entreprendre des « Réformations » et à remettre en cause les privilèges des riverains, mais il faudra attendre la promulgation du Code Forestier en 1827 pour règlementer l’exploitation forestière.

Devenue forêt domaniale, la forêt a gardé sa vocation forestière sous le contrôle de l’Office National des Forêts qui en assure la gestion en tenant compte des conditions climatiques, de la protection, de la biodiversité…et de la présence de grands gibiers. Nous n’avons pas été assez discrets… Pas un seul cervidé dans les bosquets. Seule une salamandre tachetée prudemment blottie sur un tapis de mousse humide attirera l’attention des curieux.

Nous n’avons pas l’ambition d’atteindre le point de Montoulieu culminant à 480 mètres et optons pour une marche tranquille. Le chemin caillouteux se faufile dans la végétation. Ici, hêtres ou chênes bordent le chemin. Là, pins sylvestres et pins laricios magnifiquement ramifiés s’élancent, effilés, dans une clairière où un peu de solitude les laissent prendre leurs aises…Un endroit empreint d’un supplément d’émotion. Dans cet écrin de verdure, il est difficile de ne pas se souvenir qu’il a été pendant l’occupation allemande de la deuxième guerre mondiale le refuge du maquis international appartenant au groupe Vendôme, le « Maquis de Grésigne » constitué de résistants essentiellement polonais et espagnols.

Au train de sénateur, nous reprenons la route … attentif au moindre détail … Sur un chemin encore voilé d’une brume rampante, une touffe d’onagres étale ses magnifiques corolles dorées. La chapelle de Mespel apparaît perdue dans un bosquet. Un pigeonnier orné de sa randière dissuasive se dresse au milieu des prés. D’un promontoire, nous apercevons en contrebas le village de Larroque. Qu’il semble petit au pied de cette falaise abrupte repère du faucon pèlerin! Qui oserait dire que la rando était facile ? Mais si, nous avons affronté un dénivelé …de …quelques mètres… et nous voilà prêts à visiter Puycelsi.

« La forteresse des bois » surgit au coeur de la forêt. On se laisse charmer par le mystère de cette bastide médiévale bâtie sur un énorme rocher dominant à pic la Vère. La ville est fondée au X° par des moines bénédictins de l’Abbaye d’Aurillac, à proximité d’un ancien site préhistorique. En 1180, l’abbé Pierre d’Aurillac vend cette seigneurie au Conte de Toulouse Raymond V. Fidèle au Conte de Toulouse, Puycelsi résistera aux Montfort lors de la croisade des Albigeois : à Simon en 1211, puis à son frère Guy en 1213. En 1229, le traité de Meaux marque la fin de la croisade des Albigeois et ordonne la destruction de 25 villes ayant résisté aux vainqueurs. Commence alors le démantèlement de Puycelsi.

Lieu convoité, Puycelsi subira plusieurs sièges et résistera à d’autres envahisseurs : aux routiers du vicomte de Monclar, aux Anglais lors de la guerre de 100 ans. Après des semaines de siège, les défenseurs de la place forte laissaient se pavaner sur les remparts leur unique cochon gras…Les Puycelsiens l’auraient fait crier chaque jour à l’aide d’une lance simulant ainsi une abondance de ripaille. Découragés, les anglais auraient, paraît-il, levé le siège…La première guerre mondiale et l’exode rural lié à la fin de l’activité charbonnière et des verreries de la Grésigne ont entraîné la mort du village.

Déambuler dans Puycelsi replonge dans une histoire ancienne. La chapelle Saint Roch édifiée en 1703 par les habitants du village pour remercier le ciel de les avoir protéger de la peste. Au détour d’une ruelle nous arrivons place du Fus, nombreux étaient les artisans qui fabriquaient les fuseaux. Le chemin de ronde offre une vue panoramique sur le paysage; les vestiges du château de Puycelsi et les anciennes tours de garde sont impressionnantes.

Les venelles sillonnent la bastide; l’une conduit au pied de l’église Saint Corneille reconstruite entre la fin du XIIIe et le début du XIVe puis remaniée au XVe siècle sur les fondations d’une église antérieure. Le clocher a été construit en 1777. Sur le porche, la sculpture d’un cochon rappelle l’ancienne légende. En entrant dans l’église, le regard est attiré vers le plafond, une voûte d’un bleu profond d’une hauteur de 20 mètres décorée de feuilles d’acanthe, de scènes représentant les saints et les symboles de la passion du Christ. Le décor intérieur de l’église réalisé entre 1857 et 1859 est l’oeuvre du peintre Gustave Lupiat.

En bois sculpté et décoré, l’immense retable baroque peint en 1689 a conservé son aspect d’origine. C’est une composition flamboyante assemblant feuillages, chérubins et guirlandes, typique de l’époque de la contre réforme à la fin des guerres de religion. La table de communion ornée de deux anges sculptés en bois entourés de feuilles d’acanthes et le lutrin du XVII° en bois de chêne et de noyer ont été restaurés en 2012.

 » Et le troisième jour », nous visitons Bruniquel dominant la vallée de l’Aveyron. Selon la légende, la reine mérovingienne Brunehaut aurait contribué à la construction du village dans les années 600. Mais c’est au Moyen Age que la cité connaît un essor remarquable grâce au commerce du safran, du lin et du chanvre.

Nous prenons le temps de sillonner les rues en pente bordées de remarquables maisons du XIVe et du XVe : porte du Rocas, porte Neuve, porte Méjane, rue Trotte-Garces où passaient souvent les bruniquelaises. Des sculptures caractérisent certaines façades : des écureuils embellissent celle-ci; un bas-relief en pierre sur le thème des vendanges réalisé par un sculpteur italien Antonio Calastrini décore le linteau de la porte de la maison du peintre Marcel Lenoir. Sur un mur de  » La maison des anneaux » sont encore fixés les « sarcets » servant autrefois à accrocher des draperies les jours de fête. Empruntons le chemin des remparts et arrivons aux châteaux.

Les châteaux de Bruniquel, deux châteaux face à face, l’histoire de conflit familial!

A l’origine, Bruniquel fût un château bâti pour surveiller la route de la vallée, du Quercy vers l’Albigeois. La « Tour de la reine Brunehaut » est un vestige du premier château construit au cours du XIIe. Edifié au XIIIe, sur les ruines de ce château, l’actuel Château Vieux était la propriété des Comtes de Toulouse. A la faveur d’un testament, au détriment d’un de ses cousins, Maffre de Comminges hérite des terres à l’est du château et, entre 1485 et 1510 fait construire un deuxième château, le Château Jeune. Pendant trois siècles, les deux branches se sont quereller, les propriétaires du Château Vieux étant catholiques, et ceux du Château Jeune protestants. Au XVIIIe, le vicomte du Château vieux, Louis Rigal d’Ourier rachète le Château Jeune. En 1840, un impôt prélevé sur les ouvertures incitera le vicomte à murer fenêtres et portes. Seul le Château vieux sera habité jusqu’au décès de la dernière vicomtesse de Bruniquel en 1980.

Classés monuments historiques par Prosper Mérimée en 1840, les châteaux ont été rachetés par la municipalité en 1987. Effectués selon le rythme de vie de la colonie de chauve-souris, locataires prioritaires des lieux, d’importants travaux de rénovation sont consacrés à la restauration du château Jeune.

Commençons par la visite du château vieux. Il a conservé son donjon carré du XIIe siècle et des logis du XIIIe avec son niveau vouté du XIIe. Anne nous guide dans les différentes pièces du château vieux. Traversons la pièce rappelant le tournage du célèbre film « le vieux fusil » pour admirer les méandres de l’Aveyron du haut de la galerie Renaissance délicatement ornée de mascarons.

Passons dans le château jeune. Il conserve un air sévère de forteresse malgré les réaménagements internes, des percements de fenêtres aux XVIIe-XVIIIe siècles et l’ajout d’une élégante porte sculptée en 1683 à l’entrée de son escalier. La salle d’apparat réaménagée au XVIIe s’embellit d’une imposante cheminée de bois sculptée au décor baroque où feuilles de chêne et d’acanthe, grenades et cornes d’abondance entourent Jupiter et Bacchus. Avant d’accéder à la cave voûtée présentant des objets de la préhistoire, nous nous arrêtons à l’ancienne chapelle transformée en cuisine équipée d’un potager à neuf trous.

Un dernier regard sur le « faux puits » construit pour les besoins du tournage du film de Robert Enrico et nous rejoignons les berges de l’Aveyron pour la pause pique-nique. Un cadre idyllique! Les parois rocheuses verticales soutenant l’éperon où est construit le village se dressent devant nous. On peut distinguer des abris sous roche habités par les hommes préhistoriques et plus tard par les jeunes patriotes du Maquis d’Ornano réfractaires au service du travail.

Direction Saint-Antonin Noble-Val. Certains rejoindrons le village en bus, d’autres emprunterons « le chemin de la Loutre ». Boudeur, l’animal ne se montrera pas mais demoiselles et libellules nous escorterons accompagnées de la « cymbalisation » des cigales et du croassement des grenouilles.

Flânerie dans la cité médiévale assisse au confluent de la Bonnette et de l’Aveyron. Inscrite aux Grands sites d’Occitanie, elle regorge d’un riche patrimoine : la halle, la maison Romane, la Maison du Roy, les tanneries, la place des tilleuls, le beffroi de l’hôtel de ville remanié par Violet- le- duc et l’église du XIXe Saint-Antonin-Noble-Val dont le tympan sculpté reproduit la légende de l’arrivée miraculeuse des reliques de Saint Antonin sur une barque guidée par deux aigles blancs.

Une courte halte au cirque de Bône offrant un beau panorama sur la vallée et nous rentrons par la pointe sud du Quercy Blanc, le Causse d’Anglars.

Avant notre dernière visite, Béatice nous guidera sur le sentier de Térondel . Toute en montées et descentes à travers la campagne cordaise, cette jolie sente herbeuse part du charmant village de Mouzieys-Panens . Prudemment cachés dans les grands arbres un coucou lance son appel guilleret, un loriot nous gratifie de son chant flûté et mélodieux… En toile de fond, se découpe le village de Cordes sur Ciel que nous visiterons avec Linda.

Haut lieu du catharisme, Cordes défie les cieux et les siècles. Construite sur un puech aux pentes raides, la ville domine la paisible vallée du Cérou. Depuis sa fondation en 1222 par le comte Raymond VII, « Cordoa » a accompagné l’expansion de sa population par la création de cinq enceintes fortifiées successives dont il ne reste guère que les portes. Passons la porte de l’horloge datée du XVe siècle, les pavés conduisent à la porte du Vainqueur et au portail peint, tous deux du XIIIe. Devant la halle où s’effectuaient toutes les transactions commerciales, les façades racontent l’évolution du style gothique : primitif avec ses ogives aux arcs à peine brisés sur celle de la maison Prunet, rayonnant avec ses hautes fenêtres à fines colonnettes sur celle de la maison du Grand Fauconnier.

Fierté des artisans et des marchands prospères, les demeures gothiques construites entre la fin du XIIIe et le milieu du XIVe sont construites sur le même plan : atelier, entrepôt et magasin au rez de chaussée, habitation au premier étage et grenier au second.. Les ruelles pavées mènent d’ateliers d’artistes aux commerces des bijoutiers et aux boutiques de croquants, la spécialité de la ville à base d’amandes d’oeufs et de sucre. Le puits de Cordes sur Ciel suscite toujours des interrogations. Pourquoi un puits si profond ? 114 mètres alors que la cité possède d’autres puits moins profonds et des sources à l’intérieur de la première enceinte ?

Quitter « la Cité aux cent ogives », appelée officiellement « Cordes-sur-Ciel » depuis 1993, sans avoir franchi les portes du musée du sucre et du chocolat ouvert en 1989 par Yves Thuriès, deux fois Meilleur Ouvrier de France ! Une hérésie! Bien sur, nous serons séduits par l’ exposition permanente et unique au monde d’oeuvres d’arts faites de sucre et de chocolat, des créations réalisées par des meilleurs ouvriers de France et champions du monde… mais la tentation de ravir nos papilles et de déguster les spécialités chocolatées est grande… et sera rapidement comblée..

Pour compléter notre expérience gourmande, la visite d’une cave était incontournable dans cette région où le vignoble est un des plus anciens vignobles de France. L’arrivée à Noailles au domaine viticole des Bouscaillous est particulièrement animée. Surprise ! Nous y retrouvons Béatrice : sa bonne humeur, sa convivialité et son dynamisme auront illuminé tout notre séjour. Des moments privilégiés. Nous aurons même le plaisir de partager avec elle un de nos délicieux piques-niques… Ils méritent quand même bien un entrefilet spécial ces repas soigneusement présentés dans des boites de congélation, quelquefois accidentées par le transport…Un choix d’ingrédients variés, des féculents aux céréales! Heureusement le confort et les cadres des lieux de dégustation compensaient leur médiocre qualité : un porche de chapelle exposé au vent et à la pluie, des marches d’un escalier de pierre aussi inconfortables que rafraîchissantes…! Mais nous avons survécu! Avec entêtement et résignation!…

Fin de la digression… Chaleureusement accueillis par Annie et Philippe Caussé, propriétaires du vignoble, nous voilà donc prêts à goûter ces vins gaillacois issus de cépages millénaires! Annie précisera le nom des cépages mis à l’honneur : Mauzac, Loin de l’oeil, Muscadelle, Braucol, Duras. Blanc, rosé, rouge. A déguster! Avec modération! Ce que nous faisons volontiers… Séduits par leur arômes, certains amateurs succomberont et complèteront leur cave…

Dès que bouteilles et cartons seront méthodiquement rangés dans la soute , Jérôme, notre irremplaçable chauffeur, toujours vigilant ,souriant et attentionné,… parfois espiègle, prendra la route. Direction Auch. Curieusement un silence souverain régnera dans le car pendant le trajet de retour… un calme sûrement dû à l’épuisement de ces derniers jours de randonnée …

CH D

« 1 de 3 »

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.